L'Edito du Président

La photographie, je suis tombé dedans tout petit, comme Obélix dans la potion magique.

Un mercredi de 1963, chez un copain d'école, on a exhumé d'une malle de déménagement poussiéreuse un petit agrandisseur DURST avec les bacs et une boîte de développement, ainsi qu'un petit livre qui disait tout.
Il fallut quelques jours après courir à la droguerie du coin demander de l'hydroquinone, du génol, du paraminophénol, de l'hyposulfite, et tout et tout... Quelques grammes de chaque, bien sûr, alchimie perfide à nos yeux.
Le droguiste était au courant : « Revenez dans une heure, je vois ce que c'est, vous n'êtes pas les premiers. ».

Puis, bien sûr, l'achat de papier barité, seulement du normal pour commencer, vu l'état piteux de nos finances, et l'enfermement dans une vielle cuisine avec la lumière rouge, porte et fenêtre obstruées de l'intérieur par du plastique noir.

Cet émerveillement devant l'image positive qui apparaît lentement dans le révélateur ne m'a jamais quitté. C'est avec un plaisir enfantin encore aujourd'hui que je contemple cette douceur grise devenir contrastée et que je prie pour que cela s'arrête au bon moment.

Puis, en 1966, on s'est mis aux grands formats à l'éponge : une éponge pour le révélateur, un passage sous le robinet d'eau en guise de bain d'arrêt, et une autre éponge pour le fixateur. Ensuite après un sérieux lavage, la photo était plaquée et pointée sur son support définitif en contreplaqué pour s'étirer comme une peau de tambour en quelques heures.

La photographie ne fut jamais mon métier, mais elle a su me donner tant d'évasions, dans la prise de vue comme dans la chambre noire, que je ne saurais abandonner le plaisir de capturer de beaux instants et de les partager avec des amis. Par ailleurs, j'ai adhéré au numérique dés qu'il a été capable de proposer une qualité équivalente de tirages sur papier, puisqu'au final seul le résultat compte.

Les adhérents d'ISOPHOTO66 viennent d'horizons très divers. Les plus passionnés, professionnels ou aficionados échangent des idées et des techniques avec celles et ceux qui veulent en savoir plus sur leurs matériels, appuyer sur le déclic au bon moment, se positionner fort à propos autour de leur sujet, en rampant ou en grimpant, pour « capter l'instant », et tirer ainsi le meilleur de leurs appareils.

Le mois dernier, un professionnel de renom me disait que des amateurs mettaient plusieurs milliers d'euros dans du matériel, mais qu'ils « n'avaient pas l'oeil... ». Parallèlement, il existe des concours photos d'appareils jetables...

Je préconise un matériel à la hauteur des moyens de chacun, et de toute façon une bonne « prise de tête » pour obtenir des clichés que l'on va apprécier soi-même, puis aimer partager son angle de vue, son parti pris pour l'ombre ou la lumière, pour le cadrage serré ou le grand angle, pour le noir et blanc ou les couleurs vives.